La vitamine E est une vitamine végétale liposoluble. La forme de vitamine E la plus active est l’alpha-tocophérol ; elle joue un rôle important en tant qu’antioxydant, c’est-à-dire comme substance agissant contre l’oxydation. Celle-ci conduit à la formation de radicaux libres (substances chimiques agressives) dans notre organisme, lesquels sont nuisibles et peuvent, par exemple, contribuer au développement de cancers. On trouve la vitamine E principalement dans les huiles végétales, les noix, les œufs, le foie, les produits à base de céréales complètes et les légumes-feuilles.
Les compléments de vitamines E en contiennent souvent des doses importantes. Ils ont de ce fait des propriétés différentes de la vitamine E présente naturellement dans l'alimentation, d’où la nécessité d’une attention particulière.
Situations liées aux traitements du cancer
La vitamine E est l’un des compléments les plus utilisés en cas de cancer. Cette vitamine semble renforcer l’effet de la radiothérapie et de la chimiothérapie (1). En ce qui concerne spécifiquement la radiothérapie, la vitamine E pourrait reduire la formation de fibrose durant une radiothérapie (4).
Un apport supplémentaire en vitamine E peut diminuer les bouffées de chaleur causées par une hormonothérapie, surtout à base de tamoxifène (Nolvadex®, Tamizam®, Tamoplex®, Tamoxifen®) (2,3).
Un apport supplémentaire en vitamine E peut potentiellement réduire/prévenir la neuropathie périphérique (douleurs nerveuses) lors d’un traitement à base de cisplatine ou de paclitaxel. Cependant, pour obtenir cet effet, des doses élevées sont nécessaires, ce qui n’est pas sans danger. Toute prise doit donc être faite en accord – et avec le suivi – du médecin traitant (4,8).
Pour les cancers de la tête et du cou, un apport supplémentaire en vitamine E peut réduire certains effets secondaires liés à la radiothérapie tels que l’inflammation des muqueuses buccales ou les atteintes osseuses (2,4).
En cas de leucémie (aiguë), et pour divers autres types de cancers, des études ont montré que la vitamine E réduisait la toxicité pour les nerfs et les inflammations buccales (mucites) dues à la chimiothérapie, surtout lors de l’utilisation de cisplatine (1,3,4,5).
La vitamine E (400 mg/jour) semble également prévenir la perte d’audition résultant d’un traitement au cisplatine (9).
Effets négatifs possibles sur les traitements du cancer
Les compléments de vitamine E contenant des doses supérieures aux apports journaliers recommandés peuvent avoir un effet néfaste et toxique quand ils sont pris durant un traitement contre le cancer (2).
A cause de son effet antioxydant, la vitamine E pourrait réduire l’action de certains traitements classiques basés sur un effet oxydant. C’est le cas de la radiothérapie, des cyclophosphamides, de la dacarbazine, des analogues du platine, des anthracyclines et de certains antibiotiques antitumoraux tels que la bléomycine et la mitomycine (4).
Effets secondaires généraux
Des doses supérieures aux apports journaliers recommandés peuvent provoquer fatigue, vertiges, léthargie, mal de tête, problèmes de vision, éruption cutanée, thrombophlébite et accident vasculaire cérébral (3).
Interactions avec d’autres médicaments et compléments alimentaires
Il n’y a pas d’interactions tant que les apports journaliers recommandés sont respectés. A forte dose, la vitamine E peut interagir avec certains médicaments utilisés pour réguler la pression sanguine et la coagulation, et sa consommation est donc à éviter (2,4).
Pour les mêmes raisons, la prudence est de mise lors d’une consommation simultanée avec d’autres compléments alimentaires ayant un effet anticoagulant (ail/quercétine, chardon-Marie, curcuma, extrait de pépins de raisins/resvératrol, gingembre, ginkgo, ginseng, graines de lin, omega-3 ou acides gras de poisson EPA/DHA, quercétine). Informez toujours votre médecin de ce type de combinaison.
La vitamine E peut faire augmenter le risque d’hémorragie durant et après une opération chirurgicale. Arrêtez d’en consommer 2 semaines avant l’intervention (6).
Dosage pour les adultes
La prise de vitamine E est à envisager avec prudence quand elle est combinée à certains traitements. C’est le cas de la radiothérapie, des analogues du platine, des anthracyclines et de certains antibiotiques antitumoraux tels que la bléomycine et la mitomycine. Si vous suivez l’un de ces traitements, évitez toute consommation de vitamine E le(s) jour(s) du traitement ainsi que les deux jours qui le précédent et le suivent (4).
Il est préférable de respecter les apports journaliers recommandés (AJR), soit environ 20 IU (International Units) ou 15 mg. Le maximum à ne pas dépasser correspond à 400 IU/268 mg par jour. Une prise supérieure présente des effets toxiques et peut augmenter le risque de décès (3,4).
Une étude récente a montré que la consommation, pendant plusieurs années, de fortes doses de vitamine E (400 IU / jour) augmentait significativement la mortalité chez les patients traités par radiothérapie dans le cadre d’un cancer de la tête et du cou. La prudence est donc de mise (7).
Références
- Vogel J. et al. Handboek voeding bij kanker, Utrecht: de Tijdstroom, 2012.
- Morey, B. et al. A review of evidence-based practice in nutrition related complementary therapies: improving the knowledge of dietitians. Cancer Forum, Vol 35 Issue 2, 2011.
- www.mskcc.org
- www.cam-cancer.org
- Del Fabbro B. et al. Nutrition and the Cancer Patient. Oxford University Press, 2010.
- http://ods.od.nih.gov
- Bairati I. et al. Antioxidant vitamins supplementation and mortality: a randomized trial in head and neck cancer patients. Int J Cancer. 119: 2221-2224, 2006.
- Brami C. et al. Natural Products and Complementary Therapies for Chemotherapy-Induced Peripheral Neuropathy: A Systematic Review. Crit Rev Oncol Hematol. 2016 Feb; 98: 325–334.
- Villani V et al. Vitamin E neuroprotection against cisplatin ototoxicity: Preliminary results from a randomized, placebo-controlled trial. Head Neck. 2016 Apr;38 Suppl 1:E2118-21.