Pierre Coulie et Eric Van Cutsem, Présidents de la Fondation contre le Cancer

« L’argent doit être utilisé de manière irréprochable »

La Fondation contre le Cancer dispose d’un Conseil d’administration pluraliste et indépendant pour soutenir et orienter la direction. En octobre 2016, les professeurs Hamoir et De Neve alors présidents, ont laissé leur place à la tête du Conseil d’administration aux professeurs Eric Van Cutsem et Pierre Coulie. Découvrez leur interview, réalisée en février 2017.

Comme tous les membres du Conseil d’administration, vous remplissez ce rôle de manière bénévole. Comment êtes-vous devenus présidents du Conseil et pourquoi avoir accepté d’y consacrer votre temps ?
 

Prof. Eric Van Cutsem : « J’ai été impliqué dans la Fondation pendant des années, au sein des Conseils scientifiques (ndlr. les jurys sélectionnant les lauréats des appels à projets) et, plus récemment, au sein du Conseil d’administration. Je dirige le département d'oncologie digestive de l'UZ-KU Leuven et je suis impliqué dans beaucoup de projets de recherche sur les cancers du système digestif, à Leuven et dans le cadre de collaborations nationales et internationales. Je travaille aussi en tant que médecin depuis de nombreuses années, et je constate donc quotidiennement à quel point les besoins des patients et des chercheurs restent énormes, et les progrès nécessaires. Je pense donc que mon expérience pourra être utile à la Fondation. »

Prof. Pierre Coulie : « C’est aussi la raison pour laquelle j’ai accepté ce poste. Notre expérience de chercheurs nous permet de nous assurer que l'argent confié par nos donateurs est utilisé de manière irréprochable. La recherche contre le cancer est mon métier. J’y suis impliqué à 100% et je sais à quel point elle dépend des financements d'institutions comme la Fondation. Donc quand on m’a demandé de participer à la gestion de la Fondation, c’était naturel pour moi d’accepter, pour contribuer à ce que toutes ses activités utiles aux patients d'aujourd'hui ou de demain se maintiennent, et croissent encore si possible. »Présidents

Quelles sont vos priorités en tant que présidents ?
 

Prof. Eric Van Cutsem : « La Belgique est une référence mondiale en matière de soins de santé et de recherche, et nous voulons encore renforcer cette position. La Fondation contre le Cancer joue un rôle important dans ce domaine. Sans oublier de concilier cette recherche avec une dimension sociale, de tenir compte de l'impact du cancer pour les patients et les familles.

La Fondation contre le Cancer réalise un travail important de soutien à la recherche, de prévention et d'aide sociale et de réintégration après les traitements et la maladie. Et il faut motiver les donateurs à poursuivre leur soutien. Pour ce faire, nous souhaitons être à l'écoute des besoins et attentes de nos donateurs, et surfer sur les changements dans la société.

Enfin, il faut continuer à bien informer la population sur le cancer, sur la recherche oncologique et sur l'optimalisation des soins, encore mieux écouter les besoins des chercheurs et des patients et certainement aussi accroître notre influence sur la politique en matière de soins oncologiques. »

Prof. Pierre Coulie : « Il est aussi important d'encourager au maximum les collaborations entre les nombreux acteurs de la lutte contre le cancer. C'est ensemble que nous serons les plus efficaces pour engranger de nouveaux progrès !

Moderniser notre communication est un autre enjeu important. Les médias sociaux sont une véritable révolution dans ce domaine, et nécessitent énormément de travail afin de réagir en permanence, presqu’instantanément et de façon pertinente. La Fondation contre le Cancer est bien sûr déjà présente sur ce terrain, mais timidement. Nous devons nous poser les bonnes questions : quels investissements faut-il faire, sur quelle échelle de temps, pour rester présents et toucher un public plus large, et peut-être aussi un peu plus jeune. Il est relativement simple de toucher des patients, pour qui le cancer devient d’un jour à l’autre une préoccupation majeure. C’est probablement plus difficile de toucher d’autres personnes, parmi lesquelles des gens plus jeunes. Mais je pense qu’il y a dans le public et en particulier chez les jeunes beaucoup de générosité, et beaucoup sont prêts à s’impliquer dans une ‘bonne cause’. Il y a là un potentiel, mais nous devons les toucher, leur faire réaliser que nous existons, leur expliquer que nos actions sont utiles pour tout le monde. Et c’est en grande partie par les médias sociaux que nous y parviendrons. Si nous ne le faisons pas, nous allons reculer. La question est de savoir comment s’adapter à ces nouveaux médias tout en nous appuyant sur nos acquis. »

Selon vous, quelles sont les qualités nécessaires pour remplir le rôle de présidents du Conseil d’administration ?
 

Prof. Pierre Coulie : « Savoir écouter. Etre capables de se projeter dans un avenir relativement proche, 5 à 10 ans. C’est également important de s’appuyer solidement sur tout ce qui existe, ce qui a été réalisé par les présidents précédents, et sur le personnel. Dans une fondation comme celle-ci, il y a énormément de bonne volonté, d’humanité. Nous ne sommes pas dans une course aux chiffres, même s’il y a tout de même une certaine compétition et de la pression. Bien sûr, nous devons être efficaces, mais la mentalité est différente de celle d’une entreprise commerciale, et nous devons absolument la préserver. Si des changements doivent être implémentés, il faut le faire doucement mais avec détermination. »

Prof. Eric Van Cutsem : « De bons présidents sont les leaders et entraîneurs d’une grande équipe qui poursuit une seule mission : améliorer les chances de survie d’un patient atteint de cancer et sa qualité de vie. Nous devons stimuler toute l’équipe et créer un réseau autour de la Fondation à travers le Conseil d’administration, la direction, le personnel et les volontaires. Mais aussi renforcer les liens avec nos partenaires dans la lutte contre le cancer, car nous avons tous les mêmes intentions et buts. C’est ainsi que nous voulons créer et faciliter l’innovation et la créativité.

Les présidents doivent pouvoir prendre des décisions mais aussi faire des compromis. Ce travail nécessite de bonnes compétences de communication et une oreille attentive, ainsi que la création d’un réseau social et professionnel. Enfin, nous devons gérer des budgets conséquents en ‘bon père de famille’. Dans ce cadre, il est important d’avoir une excellente vision des soins oncologiques et de l’avenir de la recherche contre le cancer. Car les soins oncologiques, la société et la recherche évoluent très rapidement. Notre expérience en recherche contre le cancer est un atout. »

Prof. Pierre Coulie : « En effet, dans la mesure où une bonne partie de l’argent récolté par la Fondation est utilisé pour la recherche, cela nous permet de nous assurer que cet argent est bien utilisé. Les critères de sélection, les comités scientifiques… doivent être parfaits. Il faut que nos donateurs sachent que l’argent qu’ils donnent pour la science est utilisé pour des recherches de très haut niveau, qui ont une chance d’aboutir un jour à des progrès notables face aux cancers. Eric et moi devons donc nous assurer, que dans ce domaine, nous soyons irréprochables. »

Quelles priorités pour la Fondation contre le Cancer dans les trois années à venir ?
 

Prof. Eric Van Cutsem : « Devenir une organisation moderne, reconnue comme un maillon crucial de la lutte contre le cancer et respectée pour son travail de qualité. Car les patients et les donateurs le méritent. Ainsi nous voulons encore accroître notre soutien à la recherche scientifique innovante et créative, contribuer encore mieux à la prévention du cancer, encore mieux communiquer sur tous les aspects du cancer, mobiliser la population dans la lutte contre le cancer, collaborer avec des partenaires sur le terrain… Nous voulons certainement aussi mieux évaluer les attentes de nos donateurs et y réagir, car il s’agit de leur argent. »

Prof. Pierre Coulie : « Soutenir la recherche reste notre priorité. Adapter notre communication aux nouveaux médias en est une autre.

Renforcer Relais pour la Vie et nos actions sociales, comme les soins de beauté, également. Ces actions permettent de faire connaître la Fondation, de tisser des liens avec le public et d’aider personnellement certains patients, une mission très utile pour la société. La recherche s’adresse aux personnes qui auront un cancer dans 20 ans, et il faut aussi aider les patients d’aujourd’hui.

En matière de prévention, nous étions aujourd’hui présents à la Fondation pour une conférence de presse de Tabacstop. Ce service est un bon exemple. La nicotine est une drogue et il est très difficile d’arrêter. Moins de 5 % des gens qui essaient d’arrêter de fumer sans aide y parviennent. Dans ces moments, c’est important d’avoir au téléphone des personnes qui comprennent ce que vous vivez et peuvent vous donner des conseils pour vous accrocher. Ce genre d’actions de prévention crée aussi un lien durable entre le public et la Fondation. De plus, elles sont véritablement utiles pour la société. Tournée Minérale est un autre bon exemple d’action de prévention qui véhicule une bonne image. C’est exactement notre rôle. Et des idées de ce type, il y en a certainement d’autres. »

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Anonyme
Mes filles sont toute ma vie et ma force c'est grâce à elles que je ne perd pas l'espoir.Lire la suite