Un chercheur soutenu par la fondation lauréat d’un prix prestigieux

Chaque année, le Fonds Inbev-Baillet-Latour décerne le Prix pour la Recherche Clinique à deux jeunes chercheurs belges, un de chaque communauté. Les professeurs Elfride De Baere, de l’Université de Gand, et Jean-Pascal Machiels, de l’UCL (Cliniques universitaires Saint-Luc, Bruxelles), étaient lauréats en 2012. La Fondation contre le Cancer a soutenu les recherches de ce dernier.

 

Les recherches de l’équipe machiels

C’est pour ses recherches cliniques sur les thérapies moléculaires ciblées que Jean-Pascal Machiels a obtenu le prix InBev-Baillet-Latour. Ses recherches s’intéressent aux nouveaux traitements pour les cancers des voies aéro-digestives supérieures. Si des études cliniques ont déjà permis de démontrer, dans une certaine mesure, l’efficacité de cette approche, leur développement se heurte cependant à certains obstacles. « On observe de nombreux patients qui ne répondent pas, ou qui développent une résistance après une certaine période de traitement aux thérapies ciblées » explique Jean-Pascal Machiels. « Nos travaux suggèrent que les cellules cancéreuses parviennent à se ‘défendre’ d’une manière ou d’une autre et développent des solutions pour échapper à nos médicaments. Cela donne des pistes pour tester de nouvelles approches ou des combinaisons de thérapies ciblées, au bénéfice des patients ». Pour le professeur Machiels, les thérapies ciblées – utilisées de plus en plus fréquemment - ont leur place dans le panel des traitements contre le cancer. « Quand j’ai commencé ma carrière, il y a 11 ans, nous n’avions qu’une seule thérapie ciblée à notre disposition. Aujourd’hui, il ne se passe pas une journée sans que nous prescrivions ce type de médicament. Les indications se sont également élargies et nous pouvons les donner dans plusieurs cancers différents ».

Les thérapies ciblées, comment ça fonctionne ?

Le cancer résulte d’un ou plusieurs « accidents génétiques » qui entraînent un défaut « quelque part » parmi les chromosomes. Ceci amène les cellules cancéreuses à se multiplier de façon incontrôlée. Une fois que les anomalies causant cela sont identifiées et comprises pour un cancer particulier, des médicaments bloquant ces mécanismes et « ciblant » ces altérations peuvent être développés. C’est le principe des thérapies ciblées. Le Professeur Machiels et son équipe ont développé un programme de recherche clinique académique évaluant ces nouvelles thérapies ciblées dans le cancer des voies aéro-digestives supérieures et ont étudié les mécanismes. Ces traitements épargnent mieux les cellules normales que d’autres types de traitement médicamenteux. Ils entraînent malgré tout certains effets secondaires, et ne sont pas systématiquement efficaces chez tous les patients. Les thérapies ciblées restent cependant potentiellement plus efficaces et théoriquement moins toxiques qu’une chimiothérapie par exemple. C’est la raison pour laquelle elles sont actuellement en plein développement.

Une équipe mise à l’honneur

Le professeur Machiels insiste sur l’aspect collaboratif des recherches cliniques. « Ce type de projet implique des médecins, des doctorants, des techniciens de laboratoire, des coordinatrices de recherche ». Concernant ces dernières, il explique en souriant, « il se trouve que pour l’étude en cours, ce sont toutes des femmes. Leur rôle est indispensable : elles encodent les données, recueillent les informations concernant les effets secondaires et l’efficacité des traitements étudiés, soutiennent les patients,... ».
Les patients inclus dans les études menées par le professeur Machiels sont également au courant de la remise du prix. « Les nouvelles circulent vite dans les couloirs, et nous avons eu beaucoup de retours positifs de leur part » explique Jean-Pascal Machiels, « ils ont une certaine fierté d’être suivis par notre équipe. C’est un événement qui renforce la confiance ».

« Sans des soutiens tels que celui de la Fondation, nous ne pouvons plus mener de recherches. »

Le Prix InBev-Baillet-Latour s’accompagne d’un chèque de 75 000 euros. La Fondation contre le Cancer avait pour sa part alloué 150 000 euros à l’équipe du professeur Machiels, il y a quelques années. Pour le professeur Machiels, c’est bien simple : « Sans des soutiens tels que celui de la Fondation et d’autres sources similaires, vous ne pouvez plus mener de recherches. Ces sommes semblent être des gouttes d’eau dans l’océan. Mais 75 000 euros permettent par exemple de payer un doctorant durant deux ans. C’est donc significatif ». Le manque de financement public dans le secteur de la recherche reste en effet une réalité. « Heureusement, depuis l’arrivée du Plan National Cancer et l’implication d’autres Fonds dans la recherche clinique, la situation s’est améliorée » nuance Jean- Pascal Machiels. « Le Plan National Cancer a permis un apport très significatif au niveau du financement de la recherche, mais également dans d’autres domaines telles que la coordination des soins mais aussi le soutien psychologique aux patients ».

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