Guérison du cancer

De quoi s’agit-il ?

Une guérison, c’est la disparition complète et définitive d’une maladie. En cancérologie, cela signifie qu’après un délai suffisant sans rechute, il est quasi certain que le cancer est définitivement éliminé. 

Une réalité qui variable

Guérir, c'est l’espoir de tous les malades.

  • Est-ce possible face à un cancer? Oui, sans aucun doute.
  • Des guérisons sont-elles envisageables pour tous les cancers? Cette fois, la réponse serait plutôt "oui mais…". Tout dépend du type de tumeur, du stade auquel on la découvre et de la réponse individuelle aux traitements. De plus en plus fréquemment, la guérison est effectivement au rendez-vous. 

Le "jalon" des 5 ans…

Actuellement, tous cancers confondus, on constate que:

  • près de 70% des patients sont toujours en vie 5 ans après la découverte de leur maladie
  • ils étaient seulement 35% à la fin des années cinquante... que de progrès sont accomplis!

La plupart de ces (ex) malades sont guéris, mais le sont-ils tous? Pour répondre à cette question, le cap des 5 ans est arbitraire et pas toujours adéquat.

  • Pour les cancers à croissance rapide, les rechutes se manifestent généralement à court terme et il n’est pas nécessaire d’attendre les 5 ans pour parler de guerison.
  • Face aux cancers à croissance lente, 5 ans c’est beaucoup trop court
    Certains cancers du sein, par exemple, occasionnent d’exceptionnelles rechutes plus de 20 ans après la découverte de la maladie. Dans ce cas, les médecins sont très réticents à prononcer le mot guérison même si des récidives aussi tardives sont fort rares. 

Cette prudence, bien compréhensible d’un point de vue scientifique, risque toutefois d’entretenir un sentiment de peur ou d’insécurité. Les personnes concernées vivent parfois indéfiniment avec la crainte d’une rechute (la fameuse épée de Damoclès) alors que beaucoup d’entre elles sont pourtant guéries!

À l’inverse, tourner la page trop vite et considérer la maladie comme définitivement terminée risque d'être brutalement démenti en cas de récidive. Le moyen terme serait d’apprendre à vivre sa guérison comme de plus en plus probable au fil du temps qui passe…

Surveillance à long terme

La guérison n’est pas incompatible avec une surveillance à long terme. Les bilans de contrôle permettent de:

  • vérifier qu’aucune récidive ne se manifeste
  • faire le point avec l’ancien patient, évaluer sa qualité de vie ou traiter d’éventuelles séquelles tardives des traitements
  • dépister un éventuel nouveau cancer: une personne guérie d'un cancer peut développer, ultérieurement, un nouveau cancer différent du premier

Le fait qu’une même personne puisse, au cours de sa vie, être atteinte successivement par plusieurs tumeurs malignes différentes n’est pas une bonne nouvelle en soi. Mais c’est aussi la preuve que la médecine fait des progrès. Auparavant, le premier cancer était souvent le dernier… Aujourd’hui, un nombre toujours plus important de malades guérissent, au risque de connaître par la suite d’autres problèmes de santé!

Quand et comment parler de guérison?

Du côté des malades

Le nombre des guérisons va croissant, mais cette réalité ne rend pas nécessairement plus facile le fait d’en parler. Beaucoup y réfléchissent à deux fois, car cela impose aussi de rendre publique leur maladie. Même définitivement guéris, les anciens malades sont parfois confrontés, aujourd’hui encore, à des discriminations plus ou moins graves (problèmes d’assurance, d’emploi…). Les peurs liées au cancer ont la vie dure et notre société n’est pas toujours très accueillante pour les individus que l’on suppose, à tort ou à raison, diminués ou moins performants en raison de leurs antécédents de santé. 

Du côté des médecins

Les relations malades–soignants sont couvertes par le secret professionnel. Parler de guérison devrait y être plus facile, si ce n’est que les médecins sont particulièrement attentifs à ne pas donner des espoirs exagérés ou prématurés à leurs patients. Le mot guérison ne doit pourtant pas être tabou. Pourquoi ne pas en parler :

  • dès le diagnostic ou le début des traitements et la présenter comme un objectif, plus ou moins probable d’une situation à l’autre
  • au fur et à mesure des bilans successifs, et confirmer dans quelle mesure la prise en charge thérapeutique donne les résultats espérés
  • après la fin des traitements, lors des examens de contrôle, avec un optimisme croissant au fil du temps

Il sera aussi important d’indiquer clairement au patient à partir de quel moment il pourra raisonnablement se considérer comme définitivement guéri.

La porte ouverte aux charlatans

Qu’il s’agisse d’espoir, de probabilité ou de certitude, les malades ont besoin que la guérison fasse partie du champ des possibilités. Faute d’oser utiliser ce mot, il ne faut pas s’étonner que les patients partent à sa recherche sur d’autres chemins. Les médecines dites alternatives ne se privent pas de promettre des guérisons, parfois même envers et contre tout. Ce discours, qui heurte le bon sens d’individus en bonne santé, peut séduire des personnes bouleversées par la maladie. Rappelons qu’une technique qui prétendrait guérir à elle seule toutes les maladies ou même tous les cancers n’existe malheureusement pas! C’est souvent la recherche désespérée d’espoir qui fait les beaux jours des charlatans…

La vie après un cancer

Se “reconstruire” après une maladie grave est une étape parfois longue et, de toute façon, très personnelle. La guérison n’est pas toujours telle qu’on l’imaginait. Va-t-on survivre, revivre ou continuer à vivre?

La maladie secoue corps et esprit

Sur le plan physique, les améliorations sont réelles.

  • Le nombre croissant de malades guéris rend les soignants de plus en plus attentifs à leur qualité de vie après la maladie.
  • Les priorités ont évolué: il n’est plus seulement question d’obtenir des guérisons, mais aussi d’éviter les séquelles.
  • La chirurgie est de moins en moins mutilante.
  • Lors de l’administration de rayons ou de médicaments, on recherche l’équilibre entre un maximum d’efficacité et un minimum d’effets secondaires. 
  • Des traitements correcteurs ou réparateurs ont également été développés.

La guérison du corps doit s’accompagner d’une guérison de l’esprit. Car guérir, c’est aussi :

  • retrouver autonomie et équilibre, ou encore réapprendre à voler de ses propres ailes
  • savoir se reconnaître et s’apprécier dans un corps qui a parfois changé
  • affronter le regard des autres, sans y chercher la confirmation de ses propres appréhensions

Vers qui se tourner?

Vous avez envie de partager la bonne nouvelle sans nécessairement la crier sur tous les toits? Ou alors, la guérison ne ressemble pas tout à fait à ce que vous aviez imaginé? Il ne suffit pas toujours d’être en rémission ni même guéri pour que tous les problèmes soient automatiquement résolus. Les anciens malades ou leurs proches peuvent avoir envie de partager, hors du cercle familial, ce qu’ils ressentent et vivent au quotidien. Certains souhaitent rencontrer des personnes ayant traversé la même épreuve qu’eux. D’aucuns pourraient même décider d’entamer un travail psychologique. Dans certains cas, une aide médicale ou domestique reste nécessaire.

La permanence téléphonique Cancerinfo (0800 15 801) peut traiter ou réorienter ces différentes demandes.

Témoignages 

Lorsque la guérison associe corps et esprit, on se retrouve parfois plus fort, plus humain ou plus sage qu’avant. Voici deux témoignages extraits de "Cancer, vivre avec" aux éditions Hachette.

"Je me suis dit ‘puisque j’ai déjà eu le cancer, je n’ai donc plus peur de l’avoir et je peux vivre avec une certaine sérénité’ " Anne-Marie, 49 ans.

"Cette expérience ne m’aura pas apporté que des malheurs et des souffrances. J’ai été capable de la surmonter et elle m’a donné envie de renaître, peut-être en vivant différemment ou ailleurs…" Laurence, 38 ans. 

Témoignages

« C’est en envisageant l’avenir avec confiance que je fais ce qu’il faut pour m’en sortir. En savourant les bons moments présents et en pensant à tous ceux qui – j’en suis sûre – sont encore à venir. »Lire la suite