Une guérison, c’est la disparition complète et définitive d’une maladie. En cancérologie, cela signifie qu’après un délai suffisant sans rechute, il est quasi certain que le cancer est définitivement éliminé.
Guérir, c'est l’espoir de tous les malades.
Actuellement, tous cancers confondus, on constate que:
La plupart de ces (ex) malades sont guéris, mais le sont-ils tous? Pour répondre à cette question, le cap des 5 ans est arbitraire et pas toujours adéquat.
Cette prudence, bien compréhensible d’un point de vue scientifique, risque toutefois d’entretenir un sentiment de peur ou d’insécurité. Les personnes concernées vivent parfois indéfiniment avec la crainte d’une rechute (la fameuse épée de Damoclès) alors que beaucoup d’entre elles sont pourtant guéries!
À l’inverse, tourner la page trop vite et considérer la maladie comme définitivement terminée risque d'être brutalement démenti en cas de récidive. Le moyen terme serait d’apprendre à vivre sa guérison comme de plus en plus probable au fil du temps qui passe…
La guérison n’est pas incompatible avec une surveillance à long terme. Les bilans de contrôle permettent de:
Le fait qu’une même personne puisse, au cours de sa vie, être atteinte successivement par plusieurs tumeurs malignes différentes n’est pas une bonne nouvelle en soi. Mais c’est aussi la preuve que la médecine fait des progrès. Auparavant, le premier cancer était souvent le dernier… Aujourd’hui, un nombre toujours plus important de malades guérissent, au risque de connaître par la suite d’autres problèmes de santé!
Le nombre des guérisons va croissant, mais cette réalité ne rend pas nécessairement plus facile le fait d’en parler. Beaucoup y réfléchissent à deux fois, car cela impose aussi de rendre publique leur maladie. Même définitivement guéris, les anciens malades sont parfois confrontés, aujourd’hui encore, à des discriminations plus ou moins graves (problèmes d’assurance, d’emploi…). Les peurs liées au cancer ont la vie dure et notre société n’est pas toujours très accueillante pour les individus que l’on suppose, à tort ou à raison, diminués ou moins performants en raison de leurs antécédents de santé.
Les relations malades–soignants sont couvertes par le secret professionnel. Parler de guérison devrait y être plus facile, si ce n’est que les médecins sont particulièrement attentifs à ne pas donner des espoirs exagérés ou prématurés à leurs patients. Le mot guérison ne doit pourtant pas être tabou. Pourquoi ne pas en parler :
Il sera aussi important d’indiquer clairement au patient à partir de quel moment il pourra raisonnablement se considérer comme définitivement guéri.
Qu’il s’agisse d’espoir, de probabilité ou de certitude, les malades ont besoin que la guérison fasse partie du champ des possibilités. Faute d’oser utiliser ce mot, il ne faut pas s’étonner que les patients partent à sa recherche sur d’autres chemins. Les médecines dites alternatives ne se privent pas de promettre des guérisons, parfois même envers et contre tout. Ce discours, qui heurte le bon sens d’individus en bonne santé, peut séduire des personnes bouleversées par la maladie. Rappelons qu’une technique qui prétendrait guérir à elle seule toutes les maladies ou même tous les cancers n’existe malheureusement pas! C’est souvent la recherche désespérée d’espoir qui fait les beaux jours des charlatans…
Se “reconstruire” après une maladie grave est une étape parfois longue et, de toute façon, très personnelle. La guérison n’est pas toujours telle qu’on l’imaginait. Va-t-on survivre, revivre ou continuer à vivre?
Sur le plan physique, les améliorations sont réelles.
La guérison du corps doit s’accompagner d’une guérison de l’esprit. Car guérir, c’est aussi :
Vous avez envie de partager la bonne nouvelle sans nécessairement la crier sur tous les toits? Ou alors, la guérison ne ressemble pas tout à fait à ce que vous aviez imaginé? Il ne suffit pas toujours d’être en rémission ni même guéri pour que tous les problèmes soient automatiquement résolus. Les anciens malades ou leurs proches peuvent avoir envie de partager, hors du cercle familial, ce qu’ils ressentent et vivent au quotidien. Certains souhaitent rencontrer des personnes ayant traversé la même épreuve qu’eux. D’aucuns pourraient même décider d’entamer un travail psychologique. Dans certains cas, une aide médicale ou domestique reste nécessaire.
La permanence téléphonique Cancerinfo (0800 15 801) peut traiter ou réorienter ces différentes demandes.
Lorsque la guérison associe corps et esprit, on se retrouve parfois plus fort, plus humain ou plus sage qu’avant. Voici deux témoignages extraits de "Cancer, vivre avec" aux éditions Hachette.
"Je me suis dit ‘puisque j’ai déjà eu le cancer, je n’ai donc plus peur de l’avoir et je peux vivre avec une certaine sérénité’ " Anne-Marie, 49 ans.
"Cette expérience ne m’aura pas apporté que des malheurs et des souffrances. J’ai été capable de la surmonter et elle m’a donné envie de renaître, peut-être en vivant différemment ou ailleurs…" Laurence, 38 ans.