La cachexie est une forme de maigreur extrême qui survient dans la phase terminale d'affections chroniques comme le cancer, les maladies infectieuses graves (tuberculose, SIDA), dans le grand âge, etc. La cachexie se manifeste essentiellement dans le cas de cancers des poumons, de l'œsophage, de l'estomac, de l'intestin et du pancréas.
Le principal symptôme de la cachexie est la perte de poids, sous forme de perte de muscles, de graisse et même de masse osseuse. La perte d'appétit (anorexie), une faiblesse généralisée (asthénie) et une baisse du taux d'hémoglobine (anémie) comptent également au nombre des symptômes majeurs. Mais, pour traiter la cachexie, il ne suffit pas de manger plus ! Même si le patient mange ou essaie de manger davantage ou s'il est alimenté directement par une sonde dans l'estomac ou via les vaisseaux sanguins, sa situation continue à se détériorer.
Les études récentes nous permettent petit à petit de mieux comprendre les causes de la cachexie. Elle est le résultat d'une réaction pseudo-inflammatoire très complexe de l'organisme, ce qui perturbe totalement le métabolisme. Certaines substances comme les cytokines jouent un rôle prépondérant dans ce mécanisme. Dans certains cas, c'est la tumeur elle-même qui produit les substances responsables de la cachexie. Outre la réaction de pseudo-inflammation, la cachexie s'accompagne également d'une augmentation du métabolisme et une modification de la manière dont le corps utilise les protéines, les graisses et les hydrates de carbone.
De nouveaux médicaments et compléments alimentaires qui bloquent ces réactions sont actuellement en cours de développement. On étudie notamment les possibilités offertes par des substances comme les acides gras oméga-3, des composants à base d'anticorps et même la thalidomide (le softénon, une substance qui avait fait couler beaucoup d'encre dans les années '60 parce qu'elle avait provoqué des malformations chez des nouveau-nés après avoir été administrée à des femmes enceintes). Étant donné que la cachexie ne survient pas exclusivement dans le cadre du cancer, mais aussi dans le SIDA, à des stades avancés d'affections rénales, dans certaines infections graves etc., on peut espérer qu'un grand nombre de patients pourront bénéficier de ces nouveaux développements.
Une perte de poids d'apparence inexplicable est une conséquence fréquente du processus cancéreux. Elle est même parfois le signe avant-coureur d'une tumeur non encore diagnostiquée. Une perte de poids chez un patient cancéreux peut avoir de multiples causes. Elle sera donc réversible dans bien des cas, n'ayant rien à voir avec le déséquilibre métabolique d'une 'vraie' cachexie. Une tumeur peut par exemple à ce point obstruer la gorge, la bouche ou l'œsophage qu'il devient douloureux ou difficile d'avaler ou de manger, ce qui débouchera inévitablement à terme sur une perte de poids. Dans de tels cas, l'ablation de la tumeur en question apportera une solution.
Outre la tumeur, le traitement lui-même peut aussi poser problème. Ainsi, le patient qui reçoit une radiothérapie au niveau de l'œsophage peut avoir du mal à avaler, tandis que la radiothérapie de l'intestin risque de provoquer une diarrhée. De son côté, la chimiothérapie est souvent à l'origine de nausées, vomissements et autres symptômes qui perturbent l'absorption normale de nourriture. De tels effets secondaires causent temporairement une perte de poids. En présence de ce type de symptômes, qui ne répondent donc pas à la définition de la cachexie parce que cette perte de poids est bel et bien réversible, les conseils d'un spécialiste en alimentation ou d'un(e) diététicien(ne) pourront aider le patient à atténuer ou résoudre ces phénomènes et, ce faisant, à stopper la perte de poids.
La cachexie n'est pas seulement difficile à gérer pour le patient, mais aussi pour son entourage, pour lequel il est très dur de voir un proche 'décliner' de la sorte. La réaction logique sera dès lors d'essayer par tous les moyens de faire manger le patient, ce qui n'est pas toujours efficace et, même si ça l'est, n'arrête malheureusement pas nécessairement la détérioration.
C'est pourquoi il est habituellement recommandé de ne pas forcer le patient à manger. Pour reprendre les propos d'un célèbre professeur et oncologue-hématologue américain : « Un manque d'appétit n'est pas douloureux, alors que se forcer à manger peut l'être. » Il peut cependant être utile de demander conseil à un spécialiste en alimentation ou à un(e) diététicien(ne) spécialisé(e), pour savoir comment tirer le meilleur profigmoments où le patient est disposé à manger.
Vous trouverez de nombreux conseils dans ce "Guide pratique pour enrichir son alimentation", réalisé par le GDO (Groupe de Diététiciens en Oncologie). Cette association vous propose également des exemples de recettes enrichies.
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