5000 diagnostics de cancer non posés depuis mars en raison de la pandémie

5000 diagnostics de cancer non posés depuis mars en raison de la pandémieSamedi, 21 Novembre 2020
 

La Fondation contre le Cancer attire l'attention de chacun pour que les traitements, les examens et les dépistages ne soient pas reportés.

Le Registre du Cancer a analysé les dernières données : la diminution du nombre de diagnostics de cancer est toujours bien présente. En juillet, elle annonçait 44 % de diagnostics en moins lors de la première vague (mois d'avril 2020 par rapport à avril 2019). Les chiffres plus récents jusqu'à la mi-septembre montrent une tendance au rattrapage, mais il reste encore 14 % de diagnostics en moins par rapport à 2019. En nombres absolus, cela correspond à 5 000 personnes non diagnostiquées depuis le début du mois de mars. Ça reste beaucoup trop, et la seconde vague n’est pas encore prise en compte.

La Fondation contre le Cancer tient à rappeler la nécessité de consulter un médecin en cas de signaux d'alarme persistants. La peur d'attraper le virus a entrainé le risque de ne pas être dépisté et/ou de ne pas recevoir de traitement, ce qui, selon le type de cancer, peut mener à des conséquences parfois très lourdes. L'absence de diagnostic ne signifie pas qu'il y a moins de cas de cancer, mais que le diagnostic sera posé plus tard et que le traitement sera entamé à un stade plus avancé de la maladie. Il en résulte un risque de traitement plus agressif, sans parler du pronostic moins favorable. Car, comme nous le savons, les cancers n'attendent pas : un diagnostic et un traitement dès le début de l’apparition des symptômes entraine bien plus de chances de guérison !

Variations selon l’âge et le type de tumeur

Afin d'évaluer les différences en fonction de l'âge et du type de tumeur, la période allant de début mars à mi-septembre 2020 a été comparée à la même période en 2019. Pour les plus de 80 ans la baisse est la plus significative (18%) . Elle est d'environ 12% chez les 65 à 79 ans et d'environ 16% chez les 50 à 64 ans. La différence est plus faible pour les groupes d'âge de moins de 50 ans. Pour les 35 à 49 ans, il s'agit d'une diminution de 9% et pour les 20 à 34 ans de 5%. Le nombre de diagnostics chez les enfants et les adolescents jusque 19 ans est comparable à celui de l'année précédente. En comparaison avec la première étude (avec des chiffres jusqu'à fin avril), une dynamique de rattrapage s’est clairement mise en place.

Comme en avril, l'impact est le plus important pour les cancers de la peau avec une diminution de plus de 1 sur 5 des diagnostics. Pour le cancer de la vessie et des reins également, la diminution est d'un peu plus de 20 %. Pour le cancer de la tête et du cou, il est de 19 % et pour le cancer de la prostate, de 15 %. Pour les hémopathies malignes (cancers de la moelle osseuse ou des ganglions lymphatiques), la diminution reste en moyenne de 15%, mais ce groupe est très hétérogène avec surtout un impact limité pour les leucémies aiguës (2%). La diminution est également moins prononcée pour d'autres cancers plus agressifs, notamment le cancer du poumon (10%), le cancer du pancréas (9%) et le cancer de l'œsophage (9%). (Source Fondation Registre du Cancer)

De mi-mars à début mai, il y a eu une interruption temporaire des examens médicaux non essentiels. Les dépistages du cancer du sein, du col de l'utérus et du cancer colorectal ont également été temporairement interrompus. Heureusement, ils ont été progressivement repris par la suite. Mais cela a entraîné une forte baisse du nombre de diagnostics lors de la première vague.

En comparant l'ensemble de la période du 1er mars au 18 septembre 2020 avec la même période de l’année précédente, le nombre de diagnostics de cancer du côlon a diminué de 18% chez les hommes et de 22% chez les femmes. Dans la population cible du dépistage (50-74 ans), la diminution est de 22% (plus d’1/5 !) pour les hommes et les femmes. Le cancer du sein montre une baisse plus faible, de 14% tous âges confondus et de 20% pour la population cible du dépistage (50-69 ans). Pour le cancer du col de l'utérus, l'effet de la première vague semble être entièrement compensé et aucune diminution ne peut être observée. Ceci est valable à la fois pour la population cible du dépistage et pour tous les âges confondus.

Ceci souligne encore le rôle majeur des programmes de dépistage dans les diagnostics précoces et donc toute l’importance d’y participer.

La Fondation contre le Cancer insiste pour que les dépistages et les thérapies ne soient pas interrompus

La Fondation contre le Cancer espère que le mouvement de rattrapage se poursuivra après la mi-septembre et insiste auprès de chacun pour que les traitements, les examens et les dépistages ne seront pas reportés. 

Il faut souligner que les professionnels de la santé qu’ils soient intra ou extra hospitaliers ont mis tout en œuvre pour poursuivre les soins indispensables, tels que ceux concernant les cancers, et dans des conditions optimales de sécurité pour les patients. «Même si ces données sont encourageantes, le rattrapage doit se poursuivre. On peut d’ores et déjà se demander quel sera l’impact du deuxième confinement, même s’il est moins strict que le premier, et quel sera l’impact de ces ces  retards sur le stade de la maladie au moment du  diagnostic. Il est trop tôt pour le savoir mais cela pourra malheureusement faire partie des graves conséquences collatérales de cette pandémie » Commente le Dr Anne Boucquiau, directrice  médicale et Porte-parole à la Fondation contre le Cancer.