Combiner un cancer avec une vie de maman

ConseilsLundi, 5 Décembre 2022

 

Valériane a 44 ans. L’annonce de son cancer (du sein) a été une véritable claque. Très vite, elle a dû apprendre à « vivre avec ». Pas facile tous les jours. Ni pour elle, ni pour ses proches qui ne savent pas toujours comment réagir. Elle a voulu que son expérience de la maladie serve à d’autres. Ses témoignages sont une mine d’information et de conseils. Dans ce témoignage-ci, elle nous livre ses conseils pour combiner cancer et vie de maman. 

« Quand le cancer nous tombe dessus, on n’a pas le temps ni la tête pour chercher de l’info sur la façon de gérer cela au mieux avec les enfants. D’ailleurs, les infos sont impossibles à trouver. J’espère donc que mon expérience aidera certains à réagir rapidement (et mieux que moi).

> Envie d'en savoir plus sur les missions de la Fondation contre le Cancer ? Inscrivez-vous à notre newsletter.

J’ai foiré mon annonce aux enfants. Je suis rentrée de chez le médecin avec plein de peurs, de doutes, de questions ouvertes. Je leur ai annoncé ma maladie super gentiment, en arrondissant les angles, disant que « peut-être » j’avais un cancer mais que je guérirais, que tout irait bien. Le diagnostic était déjà confirmé mais le « peut-être » rendait l’annonce moins violente, pensais-je. Plus tard dans la soirée, après ma 6ème tentative molle de les mettre au lit, j’étais épuisée et j’ai crié : « y en a marre les enfants, je vous annonce que je suis épuisée et que j’ai un cancer et au lieu de vous mettre au lit gentiment, vous me poussez à bout ». Gloups, grands pleurs pour mes filles, culpabilité pour moi. Raté ! »

Des conseils pour si c’était à refaire

 

« Si c’était à refaire, voici comment je le ferais. Merci à ma grande Faye de 12 ans qui a réfléchi avec moi pour proposer ces conseils. Evidemment, chaque situation est différente et ce qui vaut pour moi en ce moment, ne vaut pas nécessairement pour une autre personne atteinte d’un cancer.

  • Se réunir avec les enfants dans un climat calme.
  • Parler très gentiment.
  • Parler clairement de la maladie : maman a un cancer.
  • Ne pas dramatiser : maman a un cancer mais elle va se soigner et elle va guérir.
  • Prévenir qu’on va être plus fatiguée, plus stressée mais qu’avec du repos, ça passe.
  • Expliquer qu’on devra souvent aller à l’hôpital, qu’on ne sera pas toujours là pour les navettes d’école mais que ce n’est que temporaire.
  • Leur donner des trucs concrets pour me faciliter la vie : ne pas faire répéter trois fois la même demande, prendre un peu d’autonomie. L’énergie ainsi économisée me permettra d’avoir du « quality time » avec les enfants. »

Les enfants participent tout au long du traitement

 

« L’idée est aussi de les faire participer tout au long du traitement et de mettre en place des outils pour la maîtrise du temps.

  • Chaque rendez-vous à l’hôpital, chaque chimio, sont représentés par un post it dans la cuisine que les enfants se réjouissent d’enlever, de déchirer, de chiffonner à chacun de mes retours d’hôpital. Il est important de situer le processus de guérison dans le temps. Le début, les étapes, la fin.
  • Ma fille Inès de 10 ans a pris un cahier et m’a écrit un message d’amour par page. Tous les jours, elle tourne la page sur ma table de nuit.
  • Ma petite de sept ans a inventé un jeu dans le bain : traquer des petites billes comme pour traquer les cancers. »


En parler pour mieux « vivre du cancer »

« C’est important aussi d’en parler, et de le faire avec dérision. Pour dédramatiser la situation, je leur dis sur un ton de rigolade : « Quand on a le cancer, on ne doit pas débarrasser la table, à vous de jouer les enfants. » Car bien sûr à l’école, les enfants en parlent et chacun relaie les histoires de proches dont le cancer a été fatal. Il est donc important de montrer qu’on peut aussi « vivre du cancer ».

Pas de cheveux, pas de maman !

 

« Le plus dur a été la perte de cheveux. Surtout pour ma petite de sept ans. Quand j’ai expliqué que j’allais subir une chimio et que j’allais perdre les cheveux, ça a été le drame. Une maman, ça a des longs cheveux. Pas de cheveux, pas de maman ! Sa plus grosse inquiétude était de savoir si j’allais la déposer à l’école « chauve ». Elle ne voulait pas que les gens me voient… J’étais démunie face à cette réaction. En plus de vivre un drame interne, je vivais le rejet de mon bébé.

Pour anticiper la chute des cheveux, j’ai pris rendez-vous chez le coiffeur avec les trois filles. J’ai repéré un petit institut avec deux coiffeurs et j’ai réservé les deux pour nous quatre afin d’être seules pour ce moment. Les deux coiffeurs ont enchaîné les shampoings et les coupes de chacune de nous dans une bonne ambiance. Les pointes pour les filles et coupe « garçon » pour moi. Nous sommes sorties avec le sourire, bonne étape.

Par la suite, je suis allée online commander trois perruques, cheap, choisies par les filles. Elles sont arrivées et fiasco. Non ça ne m’allait pas. Même pas la bleue choisie avec amour par Elinor. J’allais me résoudre aux foulards.

Deux tontes plus tard, une fois qu’il était devenu indispensable de couvrir ce crâne chauve, j’ai opté pour l’option beanie + foulard. Je laisse mes filles choisir le foulard du jour, j’en ai plein grâce à mes super copines. Elinor adore quand je laisse la queue du foulard retomber sur mon épaule, comme si j’avais une longue tresse. La blessure est réparée, je peux l’accompagner à l’école. Mission accomplie.

Mon protocole de soin dure neuf mois au total (deux chimiothérapies, une opération, trois semaines de radiothérapies). Quelle ironie pour moi qui ai tant souhaité un quatrième enfant ! En guise de quatrième, je porte ce cancer et le terme en sera la libération. »

> Envie d'en savoir plus sur les missions de la Fondation contre le Cancer ? Inscrivez-vous à notre newsletter.