La Fondation contre le Cancer se réjouit de la position du Conseil supérieur de la santé sur l'e-cigarette

La Fondation contre le Cancer œuvre pour une société où personne ne souffre ou ne subit de manière excessive les conséquences du tabagisme et du tabagisme passif. Se défaire de la dépendance à la nicotine exige un effort de la part des fumeurs. Certains d’entre eux utiliseront l'e-cigarette pour s’aider dans le processus de sevrage. Mais il y a aussi un risque que l'e-cigarette freine certains fumeurs dans leur démarche d'abandon total du tabac. Dans un souci de promotion de la santé publique, la Fondation contre le Cancer préconise donc l'utilisation de la cigarette électronique pour le sevrage tabagique, mais avec un certain nombre de précautions.

La e-cigarette est déconseillée pour les non-fumeurs

Comme le Conseil supérieur de la santé, la Fondation contre le Cancer estime que l'e-cigarette est à déconseiller aux non-fumeurs. L'e-cigarette est certes moins nocive que le tabac, mais elle n'est pas pour autant un produit sain et ses effets à long terme ne sont pas encore connus.

Par conséquent, la Fondation contre le Cancer estime que le gouvernement devrait protéger les non-fumeurs, les enfants et les adolescents de l’utilisation de la vapoteuse et appliquer le principe de précaution. Cela signifie qu'il lui faut prendre des mesures afin de limiter la promotion commerciale et le marketing de ces produits.

C'est pourquoi la Fondation contre le Cancer préconise des emballages très simples, une interdiction d'affichage dans les points de vente (notamment dans les stations-service, les supermarchés de quartier, les kiosques à journaux, etc.) avec des exceptions possibles pour les magasins spécialisés (comme les Vape shop). L’objectif de telles interdictions est de contribuer à dénormaliser le vapotage vis-à-vis des enfants et des jeunes.

En outre, la Fondation contre le Cancer plaide pour une interdiction rapide des e-cigarettes jetables : celles-ci augmentent les chances que les jeunes commencent à vapoter et ont un impact environnemental important en termes de déchets.

Afin de pouvoir suivre correctement la politique de détournement vers les jeunes et les non-fumeurs, la Fondation contre le Cancer plaide, tout comme le Conseil supérieur de santé, pour la collecte annuelle de données sur l'utilisation de l'e-cigarette. Si le gouvernement n'investit pas suffisamment dans ce suivi, nous avancerons à l'aveugle et la politique ne pourra pas être ajustée assez rapidement si nécessaire.

Offrir des solutions de sevrage aux fumeurs

Une fois que toutes les portes de la promotion et du marketing seront fermées et que le suivi annuel de l'utilisation sera financé, une politique de sevrage au tabac plus claire pourra être instaurée avec l'e-cigarette comme outil d’aide aux fumeurs.

Les fumeurs ont parfois besoin de se faire aider pour arrêter de fumer. L'e-cigarette peut jouer un rôle à cet égard, mais de préférence dans le cadre d'une politique plus ambitieuse de sevrage au tabac. Il faudrait également mettre davantage l'accent sur les conseils professionnels en matière de sevrage tabagique dispensés par les tabacologues. Les médecins et autres acteurs de la santé devraient aussi renvoyer les fumeurs vers ces spécialistes. En outre, les fumeurs qui choisissent d'essayer d'arrêter de fumer sans aide professionnelle et avec une e-cigarette devraient être mieux informés, par exemple grâce à des "encarts" obligatoires dans l'emballage de tous les produits du tabac. Le Conseil supérieur de la santé recommande aussi que des informations fiables et commercialement indépendantes sur le sevrage tabagique soient adressées directement aux fumeurs.

L'arrêt complet du tabac et du vapotage doit rester le but ultime, selon la Fondation contre le Cancer. Faire systématiquement passer tous les fumeurs actuels de la cigarette à la vapoteuse n'est pas une stratégie à suivre. C'est pourtant celle de l’industrie du tabac, guidée par un intérêt commercial évident.

Il doit être clair pour les fumeurs qui veulent passer du tabac au vapotage qu'une utilisation mixte du tabac et de l'e-cigarette - ce qui est souvent le cas dans la pratique - n'apporte aucun bénéfice pour la santé.

Un compromis à la Belge

La position du Conseil Supérieur de la Santé offre un compromis très honorable. Il souligne les dangers de l'e-cigarette, mais admet aussi son potentiel pour les fumeurs qui ne parviennent pas à arrêter de fumer par d'autres moyens.

Cependant cet avis reste vague sur la vue d’ensemble de l'offre de nicotine dans notre société et de la manière dont sa vente doit être régie. Pour la Fondation contre le-Cancer, il est souhaitable d'arrêter la diffusion effrénée des nouveaux produits à base de nicotine. Il s’agit de tous les nouveaux produits en matière de cigarettes ou d'emballages de cigarettes, de sachets de nicotine, d'e-cigarettes jetables ou d'arômes toujours plus inventifs pour les e-cigarettes. Cette prolifération de l’offre n’est pas vraiment nécessaire pour aider les fumeurs à arrêter de fumer.

En outre, il est important pour la Fondation contre le Cancer que les fabricants d'e-cigarettes indépendants restent en place et que les professionnels de la santé et le grand public puissent savoir quelles marques de e-cigarettes sont indépendantes par rapport à l’industrie du tabac et lesquelles ne le sont pas. L'avis du Conseil supérieur de la santé aborde les arguments éthiques à cet égard. Comme le Conseil supérieur de la santé, la Fondation contre le Cancer demande à notre gouvernement fédéral de plaider au niveau de l'UE pour une adaptation de la procédure de notification afin d’établir la liste des fabricants d'e-cigarettes indépendants vis-à-vis de l’industrie du tabac.

La Fondation contre le Cancer rappelle que l'industrie du tabac n'a aucun rôle à jouer dans la politique de santé publique. Ce qu'elle devrait faire, c'est payer pour les dommages qu'ils causent à la santé. Avec cet argent, les parties indépendantes pourraient développer une meilleure politique de sevrage au tabac, fiable et commercialement indépendante.