Rapport de la Fondation contre le Cancer sur l’enquête Tabac 2022

Journée Mondiale sans tabacLundi, 23 Janvier 2023

 

LA FONDATION CONTRE LE CANCER PLAIDE POUR LE PRELEVEMENT D’UNE NOUVELLE CONTRIBUTION AUPRES DES COMPAGNIES DE TABAC

18 janvier 2022 - L'enquête Tabac de la Fondation contre le Cancer évalue le comportement des Belges en matière de tabagisme et leur adhésion aux politiques antitabac. Les résultats de la nouvelle enquête montrent une diminution du nombre de fumeurs (24%) par rapport à 2020 (29%) et 2021 (27%), années où la crise Covid battait son plein. Il y a peu d'évolution dans le comportement de vapotage, mais on constate que le vapotage occasionnel est plus élevé à Bruxelles (9%) qu'en Flandre (2%) ou en Wallonie (3%). La Fondation contre le Cancer plaide pour que les médecins généralistes et les hôpitaux disposent de davantage de moyens pour aborder le sujet de l’abandon du tabac avec leur patients fumeurs. L'argent supplémentaire nécessaire à cet effet pourrait facilement être obtenu auprès des compagnies de tabac. 71% des Belges soutiennent déjà cette idée.

 

Les chiffres les plus remarquables en termes de consommation

 

Le tabagisme a diminué chez les hommes (26% en 2022 contre 31% en 2021) mais les hommes sont toujours plus nombreux à fumer que les femmes (26% contre 23%). Le tabagisme est beaucoup plus élevé à Bruxelles qu'en Flandre et en Wallonie (36% contre 21% en Flandre et 27% en Wallonie). C’est au sein des classes socio-économiques les moins favorisées que l’on fume le plus (29%).

Le nombre d'usagers de la cigarette électronique est resté stable au cours des quatre dernières années. Mais on constate que le vapotage occasionnel est nettement plus élevé à Bruxelles qu'en Flandre ou en Wallonie. L’usage de la cigarette électronique n'est pas populaire chez les plus de 65 ans, mais il l'est dans la tranche d'âge 15-34 ans.

 

La plupart des fumeurs veulent arrêter de fumer, mais repoussent toujours l'échéance

  • L'intention d'arrêter de fumer est présente chez de nombreux fumeurs (62%). Pourtant, seul un petit groupe (21 %) joindrait le geste à la parole et arrêterait de fumer dans les six premiers mois. Un groupe plus important (41%) présente un comportement de procrastination. Pour les persuader d'arrêter de fumer plus rapidement, de nouvelles mesures seront nécessaires. Nous pensons par exemple à une augmentation des aides au sevrage tabagique. Mais l'interdiction de fumer pourrait également avoir un effet bénéfique, car 23 % des fumeurs indiquent que cette dernière les inciterait à arrêter de fumer. Les hommes, les 25-34 ans et la classe socio-économique plus favorisée en particulier mentionnent un tel effet.
  • 70% des Belges qui ont tenté d'arrêter de fumer n'ont pas cherché une aide extérieure pour y parvenir. Les principales aides existantes sont les substituts nicotiniques (principalement le patch à la nicotine) ou la cigarette électronique contenant de la nicotine. Les personnes de plus de 55 ans ont plus souvent recours aux médicaments.
  • 1 fumeur sur 5 (20%) indique qu'un conseil spontané du médecin pourrait entraîner une motivation pour arrêter de fumer. C'est surtout chez les hommes, les 25-44 ans et les classes socio-économiques les plus favorisées que l'effet des conseils d'un médecin serait le plus important. Cependant, seuls 29 % des fumeurs ont déclaré que leur médecin généraliste leur avait spontanément demandé d'arrêter de fumer. Il existe donc un énorme potentiel d'amélioration dans ce domaine.
  • Enfin, de nombreux fumeurs (65 %) pensent que les cigarettes électroniques sont tout autant ou plus nocives que les cigarettes classiques alors que ce n'est pas le cas, mais c’est une croyance bien établie. Et parmi les utilisateurs d'e-cigarettes aussi, 42 % pensent que le vapotage est tout autant, voire plus nocif que le tabagisme. Les utilisateurs actuels de la cigarette électronique la pratiquent depuis trois ans en moyenne et seuls 41 % d'entre eux ont déjà tenté d'arrêter de fumer. (Le vapotage présente des risques pour la santé).

 

Appel de la Fondation contre le cancer à intensifier ses efforts en matière d'aide au sevrage tabagique

Comme il faudra compter avec le COVID-19 pendant encore un certain temps, il est donc plus important que jamais de concentrer tous les efforts sur le sevrage tabagique. Notre pays dispose de spécialistes du sevrage tabagique très bien formés, les tabacologues, mais on y a trop peu recours. C'est pourquoi nous demandons à nos gouvernements d'offrir aux médecins et aux hôpitaux davantage de soutien pour les patients fumeurs. Les médecins généralistes et les hôpitaux ne parviennent souvent pas à motiver suffisamment les fumeurs pour qu'ils arrêtent définitivement de fumer ou qu'ils demandent l'aide d'un tabacologue. Avec un soutien supplémentaire, ils pourraient se concentrer davantage sur ce point. Une admission à l'hôpital pourrait alors devenir un moment clé pour changer la donne pour un fumeur qui aurait ainsi l’occasion d’évoquer avec un spécialiste les freins qu’il ressent et qui l’empêchent d’abandonner définitivement la cigarette. Et le passage à l’hôpital serait un moment opportun pour lui donner toutes les chances de ne pas rechuter à la sortie.

Les efforts supplémentaires pour favoriser l’arrêt tabagique ont un coût. Alors comment résoudre ce problème en période de restrictions, d'inflation et de coûts énergétiques élevés, y compris pour les hôpitaux ? En fait, c'est assez simple. Pour Suzanne Gabriëls, experte en prévention du tabagisme à la Fondation contre le Cancer : "La solution idéale pourrait prendre la forme d’un accord interrégional entre les entités fédérées compétentes pour l’aide au sevrage tabagique. Cet accord définirait l’approche mise en œuvre par chacune des régions pour renforcer l’accompagnement au sevrage tabagique. Cette offre supplémentaire d’accompagnement au sevrage serait financée par une nouvelle contribution des cigarettiers qui devraient être amenés à débourser les fonds nécessaires."

Par ailleurs, la Fondation contre le Cancer rappelle qu’elle lancera bientôt la seconde édition de Buddy Deal, une campagne nationale visant à encourager les gens à arrêter de fumer en duo. L'objectif:  ne pas fumer pendant un mois entier, avec le soutien d'un "buddy", pour finir par se débarrasser complètement de son addiction !

Rapport Enquête Tabac 2022