Tôt ou tard, nous entrons tous en contact avec des pesticides. Les ouvriers et les agriculteurs régulièrement exposés à de fortes concentrations ne sont pas les seuls. Tout ceux qui utilisent des insecticides, des produits contre les mauvaises herbes ou des fongicides à la maison ou au jardin sont soumis dans une mesure plus ou moins grande à ces substances toxiques.
Les pesticides s'accumulent dans les tapis sur lesquels jouent les jeunes enfants. Certains pesticides sont capables de pénétrer dans notre organisme via la peau et les poumons. Cela signifie que pour y être exposé, il suffit de se trouver dans un lieu public comme un parc, une plaine de jeux, une école, un restaurant… D'autant que généralement, nous ne savons pas quels objets ont subi un traitement (meubles en bois, tapis…). Il faut par ailleurs tenir compte des résidus de pesticides que l'on trouve dans l'eau potable et dans l'alimentation.
Les produits agricoles – importés ou locaux – contiennent aussi des résidus de pesticides. Il peut s'agir d'agents interdits chez nous ou qui dépassent la concentration autorisée. Dans certains produits, on trouve parfois plusieurs sortes de résidus. Les plus hautes concentrations se retrouvent dans des produits d'origine animale, comme la viande, le poisson, le lait, les œufs… En raison de l'accumulation dans les organismes vivants de substances difficilement dégradables (plus l'animal se situe vers le haut de la chaîne alimentaire, plus il absorbe et stocke les pesticides difficilement dégradables), on observe parfois des concentrations importantes de pesticides interdits depuis longtemps en Belgique.
Nous en savons plus à propos des effets à court terme sur la santé humaine. Ce sont les conséquences à long terme qui restent difficile à évaluer. Nous ignorons par exemple les effets à long terme d'une exposition quotidienne à de faibles doses de pesticides via l'alimentation et l'eau. Si l'on ajoute à cela les mises en gardes alarmistes de la littérature spécialisée, on comprend que l'utilisation des pesticides suscite autant de doutes et d'inquiétudes. Les pesticides pourraient être à l'origine de :
On sait depuis longtemps que certains pesticides provoquent le cancer chez la souris, le rat et le hamster. De nombreux essais en laboratoire l'ont confirmé. Ces données peuvent-elles être extrapolées telles quelles à l’homme ? La prudence s'impose. On parle d’effet cancérigène ‘potentiel’ ou ‘vraisemblable’.
Les agriculteurs sont un groupe de choix pour les recherches épidémiologiques concernant les effets à long terme des pesticides sur la santé. Les études parues jusqu'à présent établissent un lien avec certaines pathologies : cancers, problèmes de reproduction, affections neurologiques, problèmes immunitaires, maladies ophtalmiques, maladies cardio-vasculaires, affections des voies respiratoires et des poumons.
Les premières études qui ont conduit à soupçonner le rôle des pesticides dans le développement du cancer reposaient sur les différences de mortalité entre les agriculteurs et les autres catégories professionnelles. L’expérience nous apprend que les agriculteurs et horticulteurs sont plus sujets à certaines formes de cancer : lymphome, myélome, leucémie… L’explication la plus probable est sans doute que les agriculteurs et horticulteurs sont en contact direct avec de grandes quantités de pesticides. Les conclusions sont similaires pour les ouvriers qui travaillent à la fabrication des pesticides.
Par rapport aux agriculteurs et aux horticulteurs, le consommateur ordinaire risque beaucoup moins de développer un cancer sous l’effet des pesticides. Les résidus de pesticides que nous absorbons en consommant des légumes et des fruits reste en effet loin en dessous du seuil de toxicité. Cette conception est cependant très contestée. La population, estiment certains experts, est aussi exposée à la pollution de l'environnement, de la chaîne alimentaire et de l'eau potable. Ces spécialistes estiment que l'on ne peut exclure des effets cumulatifs et synergétiques à long terme.
Sept pour cent de tous les pesticides cumuleraient 97 % du risque global. Il s'agit ici des produits suivants : dieldrine, HCH, heptachlore, dithiocarbamate, HCB, iprodione et DDT. Ces pesticides sont aujourd'hui interdits. Mais on les trouve encore dans l'environnement, où ils se sont accumulés au fil de nombreuses années d'usage intensif.
Il est encourageant de constater que le risque connu de cancer dû aux pesticides est surtout imputable à des produits entièrement ou partiellement interdits depuis longtemps dans notre pays. Ces substances ne se trouvent plus que dans les produits d'origine animale, conséquence de la bioaccumulation. Leur concentrations va graduellement reculer au fil du temps.