Nom : Diether Lambrechts
Etablissement : KU Leuven
Domaine de recherche : Biomarqueurs
Grant 2016 : 345 000 e octroyés sur 3 ans
Professeur Lambrechts : « Mon équipe et moi tentons de découvrir des biomarqueurs plus précis et efficaces pour l'immunothérapie. Les biomarqueurs sont notamment utiles pour classer plus précisément les cancers, et pour prédire à quelle thérapie le patient répondra le mieux. »
« Depuis peu, nous disposons d’un nouveau séquenceur, appelé PromethION. Un séquenceur sert à étudier dans quel ordre sont assemblés les blocs de construction de notre ADN, et plus spécifiquement quelles anomalies génétiques se sont accumulées dans la tumeur. Il permet d’analyser des enchaînements de liaisons de deux blocs de construction, aussi appelées ‘paires de bases’.
PromethION nous permet d’étudier des enchaînements particulièrement longs, qui peuvent contenir jusqu'à des dizaines de milliers de liaisons à la suite. Il y a quelques années, nous ne pouvions étudier que 50 à 100 paires de bases par analyse. Grâce au nouveau séquenceur, nous pouvons visualiser beaucoup plus précisément certaines anomalies génétiques et épigénétiques. Ces anomalies qui permettent de prédire à quel traitement va répondre le patient sont appelées biomarqueurs.
Nous combinons cette toute récente innovation technologique à une autre découverte : les verrous ou 'checkpoints' de notre système immunitaire. A l'aide des biomarqueurs, nous voulons donc prédire si un patient répondra bien à l'immunothérapie, ou pourquoi il ne réagit pas ou plus à ce traitement. »
« Nous cherchons d'abord des oncogènes ou des gènes suppresseurs de tumeurs au moyen du séquençage. Les oncogènes sont des gènes tumoraux qui favorisent la croissance de la tumeur. Les gènes suppresseurs vont habituellement freiner la croissance des cellules normales, mais une tumeur parvient à lever ce frein. Tenter d'identifier ces protéines revient à chercher une aiguille dans une botte de foin : si vous notiez toutes les paires de bases du génome humain, votre pile de papier serait aussi haute que l'Atomium !
Ce nouveau séquenceur nous permet d'étudier un certain nombre de modifications génétiques et épigénétiques très spécifiques au sein de la tumeur. Et de détecter ainsi des mutations très spécifiques, ou de rechercher des séquences très particulières provenant de rétrovirus très anciens.
Il offre aussi la possibilité de caractériser l'environnement de la cellule. C'est de l'épigénétique : nous étudions comment l'environnement de la cellule cancéreuse influence son développement. Il existe beaucoup de facteurs environnementaux. Et ils ne sont pas tous des facteurs externes comme le tabagisme. Ils peuvent aussi être très localisés, comme l'hypoxie, un phénomène au cours duquel une tumeur ne reçoit pas suffisamment d'oxygène. La tumeur va alors réagir tout à fait différemment, par exemple en produisant plus vite des métastases. »
« Améliorer les traitements. Le cancer est une maladie extrêmement ingénieuse, qui peut modifier son propre génome : il peut prélever des pages ou même des chapitres entiers de notre énorme tas de papier, et les placer à un autre endroit jusqu'à ce qu'il trouve une combinaison qu'il pourra mettre à profit. C'est ainsi que la maladie développe une résistance à certains traitements après quelques années. Et c'est ce qui rend le cancer si difficile à guérir : on commence le traitement, le patient y répond pendant un, deux ou trois ans, et ensuite la maladie parvient à nouveau à y résister.
A l'aide des biomarqueurs, nous voulons donc comprendre comment le cancer est parvenu à devenir résistant au traitement, et de quelle façon nous pouvons l'attaquer à nouveau. »
Dernière adaptation le: 23/06/2017