La maladie fait partie de la vie, et donc de la vie professionnelle. Si certains d’entre nous peuvent continuer à travailler à temps partiel, d’autres doivent arrêter pendant une durée prolongée, puis tout recommencer.
Et ce retour au travail est un moment clé dans une vie. Vous n’avez qu’une envie : vous remettre au travail à 100 % et reprendre une « vie normale ». Mais vous vous retrouvez soudainement très seul. Vous êtes guéri, non ? Tout est rentré dans l’ordre !
En réalité, même si vous bénéficiez d’un excellent accompagnement pendant la maladie, vous perdez une bonne partie de ce soutien une fois que vous êtes déclaré « guéri ». Pourtant, c’est justement là que tout commence.
Bien que le traitement soit derrière vous, il est possible que vous soyez encore en proie à un nombre surprenant d’effets secondaires, qui persistent parfois longtemps, que vous preniez encore toutes sortes de médicaments, ou que vous ressentiez une fatigue tenace parce que votre corps a besoin d’un peu plus de temps pour revenir à un fonctionnement optimal.
Par ailleurs, vous n’abordez peut-être plus du tout la vie de la même manière, ce qui fait que votre travail ne correspond peut-être plus à la personne que vous êtes et à ce qui vous tient à cœur. On ne ressort pas inchangé d’une telle maladie.
« Il est très important de commencer à réfléchir le plus vite possible à la reprise du travail, dès que l’on commence à se sentir mieux », conseille Andrea. En tant que coach Allezi professionnelle, Andrea accompagne les patients dans leur réintégration. « Parlez-en avec votre oncologue et avec le médecin contrôle de votre mutualité. Ensemble, vous déciderez du moment approprié pour vous lancer. »
La reprise du travail est une expérience propre à chacun. Chaque parcours est unique et dépend de la personne que vous êtes, du type de cancer que vous avez vaincu, du traitement qui vous a été administré, du travail que vous faisiez avant, de votre employeur, de vos collègues, etc.
Ayant elle-même vaincu un cancer, Andrea a elle aussi dû passer par là. « Ce que je constate aujourd’hui, c’est que la majorité des gens sont fortement tiraillés entre deux sentiments contradictoires : l’envie profonde de se lancer et de se réintégrer au travail, et un immense sentiment de culpabilité à l’idée de ne pas (encore) pouvoir se donner à 100 % », explique-t-elle avec franchise.
« Je l’ai moi aussi ressenti. Il est donc très important de se rendre compte qu’il s’agit d’un cheminement et que l’on n’est encore qu’aux premiers pas d’un nouveau départ. Qu’on peut y aller progressivement et qu’il arrivera un jour où l’on pourra de nouveau se donner à 100 %. Dans certains cas, il faut plus d’un an avant que ce jour n’arrive. C’est pourquoi un coach qui vous aide à comprendre cela et qui vous accompagne dans les moments difficiles peut faire toute la différence.
J’ai moi-même trouvé mon équilibre et je peux de nouveau travailler à plein temps. J’ai choisi de répartir mes activités de la manière suivante : j’exerce mon travail de consultante en ressources humaines trois jours par semaine, et les deux jours restants, j’accompagne les patients cancéreux qui souhaitent eux aussi reprendre le travail. Ce système me convient, car le coaching en soirée est parfois tout simplement trop fatigant, pour moi comme pour la personne avec qui je travaille. »
Au fil de son parcours personnel, Andrea a malheureusement constaté un manque cruel de soutien structurel pour les patients cancéreux qui souhaitent recommencer à travailler après ou pendant un traitement. Elle a donc cherché un moyen de se rendre utile auprès de ceux qui, comme elle, souhaitent reprendre le cours de leur vie après le cancer.
« C’était très important pour moi : je voulais faire quelque chose pour ceux qui vivent une situation similaire. Je sais d’expérience à quel point on peut être seul face à tout cela. Notre famille et nos proches sont enfin soulagés de savoir qu’on va mieux, alors on n’a plus envie de les embêter », ajoute-t-elle. « Mon travail de coach me permet d’apporter le soutien nécessaire. »
En tant que consultante en ressources humaines et ancienne patiente, Andrea est parfaitement en mesure de comprendre les difficultés que peuvent rencontrer travailleur et employeur après une absence de longue durée. Alors qu’elle cherchait d’autres coaches partageant son envie d’aider les patients atteints de cancer, Andrea a rencontré Magali Mertens de Wilmar, secrétaire générale de l’association Travail et Cancer, et s’est attelée avec elle à la recherche d’une solution structurelle.
Leurs efforts ont porté leurs fruits et abouti à la création, avec le soutien de la Fondation contre le Cancer et de The Majin Foundation, de l’initiative ALLEZI, un réseau de coaches qui, grâce à une formation et à un suivi spécifiques, se sont spécialisés dans l’accompagnement de ceux qui souhaitent reprendre le travail après un cancer. ALLEZI est également un label de qualité pour ce type d’accompagnement.
Les formations certifiées par ALLEZI donnent aux coaches les connaissances pluridisciplinaires nécessaires à un encadrement complet du patient :
Andrea : « Il est en effet fondamental que nous recevions une formation et un accompagnement solides pour que ceux avec qui nous travaillons bénéficient d’une aide concrète, qu’ils puissent recommencer et se construire à nouveau une vie heureuse et complète. L’enjeu est trop important pour que ce rôle de coach soit pris à la légère. »
Andrea a suivi cette formation et fait désormais partie des coaches ALLEZI. « Ensemble, nous cherchons votre nouvel équilibre et travaillons progressivement à votre réintégration au travail ou dans toute autre activité. Mon rôle est de veiller à ce que vous vous sentiez bien et à ce que vous croyiez en vos atouts et compétences », affirme Andrea avec conviction. « Et c’est à vous de choisir si vous souhaitez ou non que votre famille, un ami ou n’importe qui d’autre participe à ces démarches. »
Chaque parcours est différent et exige de la coordination et des concertations avec toutes sortes de personnes : vous, le médecin qui vous suit, votre employeur, vos collègues, le médecin contrôle de votre mutualité, etc.
De plus, toutes les entreprises n’ont pas la même culture ni la même ouverture. Devriez-vous évoquer votre cancer ? Ou cette question est-elle taboue ? « Cela dépend fortement de la culture de l’entreprise, de la personnalité de votre responsable, de la relation que vous aviez/avez avec vos collègues, mais aussi de vous-même : qu’en pensez-vous ? Le plus important, c’est que vous fassiez ce que vous avez envie de faire. Suivez votre intuition », explique Andrea.
« Vous devez lutter contre une idée négative que beaucoup semblent partager : celle que les personnes qui recommencent à travailler après une maladie sont faibles. Et cela me met en colère, car c’est tout à fait faux. Une personne qui doit affronter une maladie comme le cancer développe justement toute une série d’aptitudes et de compétences. Ne croyez donc pas que le cancer n’a fait que vous affaiblir ; vous avez acquis une résistance et une résilience considérables. Je donne souvent l’exemple suivant : vos collègues arriveront peut-être un peu fatigués au travail lundi parce qu’ils ont eu un week-end chargé et difficile, mais vous, vous avez dû faire face à la chimiothérapie, à la radiothérapie et à la chute de cheveux, vous avez appris que vous alliez peut-être mourir, et vous avez dû subir toutes sortes d’effets secondaires. Et vous avez tout surmonté. Alors, c’est qui le plus fort ? Donnez-vous du temps pour vous remettre complètement, à votre rythme. »
Le fait d’entamer votre réintégration au travail vous aidera également à avancer. Malgré les effets secondaires qui peuvent encore subsister, la fatigue récurrente, ou parfois l’incompréhension des autres, le contact social retrouvé et le sentiment de pouvoir à nouveau être utile pour vos collègues ou votre famille à la maison, y compris financièrement, vous donneront énormément d’énergie positive.
« Il est très important que vous commenciez à y penser rapidement et que vous en parliez avec votre oncologue, le médecin contrôle de votre mutualité, et même votre employeur. Établissez ensemble une feuille de route. Mais attention, c’est vous qui décidez, c’est vous reprenez le contrôle de votre propre vie. Suivez votre intuition et croyez en vous.
Même si c’est parfois difficile, essayez de rester en contact avec vos collègues et votre responsable (RH). Ce sera pour vous une source de soutien, y compris lorsque vous retournerez au travail. Ils ne peuvent pas deviner ce qu’ils ne voient pas ou n’entendent pas. Si vous êtes guéri et avez l’air en forme, ils pourraient ne pas comprendre vos difficultés à gérer les effets secondaires liés au traitement ou au post-traitement qui persistent et qui vous empêchent d’être de nouveau actif à 100 %. Le dialogue peut aider. »
Comment vous lancer ? Voici les 3 questions les plus importantes à vous poser si vous souhaitez reprendre le travail :
Un coach ou un psychologue peuvent vous aider à le savoir et vous accompagner pas à pas, jusqu’à ce que vous soyez de nouveau pleinement opérationnel. Peut-être souhaitez-vous vous lancer dans une réorientation professionnelle, peut-être n’existe-t-il pas de plan de réintégration dans votre entreprise, peut-être pouvez-vous ou voulez-vous passer par le VDAB ...
« Mais surtout, et je le répète : suivez votre intuition et croyez en vous ! », ajoute Andrea.
Et ne restez pas seul dans votre coin. Cherchez des personnes et des groupes qui ont le même cancer que vous. « Même si vous ne voulez plus en entendre parler, certaines angoisses liées au cancer peuvent encore apparaître de façon inattendue. Et c’est là que le soutien de personnes qui ont vécu la même chose devient important. Vous trouverez beaucoup de groupes en ligne, sur Facebook, etc. », recommande-t-elle.
Consultez le site www.allezi.be pour trouver un coach près de chez vous.
« Nous sommes indépendants », explique Andrea. « Parallèlement à ALLEZI, nous avons chacun notre propre réseau, notre page Facebook , notre profil LinkedIn , etc. Mais le plus important, c’est que le courant passe avec chaque patient. C’est le meilleur moyen de tirer un maximum de bénéfices du coaching. Demandez un premier entretien pour faire connaissance, sans engagement. Si le courant ne passe pas, nous vous réorienterons avec plaisir vers d’autres coaches. Ne vous inquiétez pas, nous ne le prendrons pas personnellement. »
Vous pouvez également vous renseigner auprès de Cancerinfo, le service d’assistance téléphonique de la Fondation contre le Cancer, faire des recherches sur Facebook et LinkedIn, ou rechercher autour de vous des personnes qui ont été suivies par un coach et qui peuvent vous conseiller.
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