« Je tiens à remercier la Fondation pour tous les documents d’informations, les livres de recettes et les propositions d’activités sportives (Raviva par exemple*). Un grand merci aussi à toute l’équipe médicale et surtout à mon oncologue.
Un cancer du poumon, c’est gratiné, c’est mortifère et pour s’en sortir le mieux possible, ce n’est pas simple non plus. Mon parcours m’a fait rencontrer des personnes différentes : des jeunes, des sexagénaires comme moi, des personnes bien entourées ou très seules... J’ai découvert une nouvelle communauté de vivants et de survivants. J’ai papoté cuisine avec des compagnes de chimio, je me suis fait maquiller à l’hôpital, j’ai eu des fous rire chez la coiffeuse en essayant des perruques... Aujourd’hui, je sais que rémission ne veut pas dire guérison. J’ai des projets à court et moyen terme, je vis autrement et je suis toujours prête à me battre gaiement contre le cancer. »
« Aujourd’hui, je suis là, sollicitée par la Fondation contre le Cancer pour vous expliquer mon parcours après un diagnostic d’un cancer du poumon en 2013.
Je peux vous décrire l’essentiel de mon histoire : si j’ai survécu, c’est parce que j’ai eu la patience du coureur de fond, la volonté du chercheur d’or, l’obstination d’un chasseur ardennais. »
« Mes angoisses, mon désarroi, mes incompréhensions, je les ai révélées en confiance au noyau de l’équipe médicale : mon oncologue et mon médecin généraliste. J’inclus aussi dans ce noyau ‘cocon’ : mon mari, ma famille, ma coiffeuse et mon esthéticienne.
Dans ce monde où la mort est tabou, j’ai surtout veillé à communiquer mon ressenti de la vie de tous les jours aux personnes qui me connaissaient bien. Mon mari, je l’ai ménagé. Et souvent, j’ai caché mes propres angoisses pour ne pas lui démolir le moral. Je sais par ma fille qu’il n’en menait pas large.
Je me suis réfugiée dans des routines de vie bien confortables. Malgré la fatigue après la chimio et la radiothérapie, je me suis forcée à exécuter des tâches quotidiennes sans pression. »
« C’est important d’être informé, de digérer les informations tranquillement et de communiquer avec d’autres personnes pour pouvoir créer votre propre système de vigilance.
Je me suis informée, j’ai beaucoup lu pour comprendre les enjeux, les dangers : internet c’est intéressant mais je me suis cantonnée aux sites de santé. J’ai évité les forums libres, trop déprimant ! Le site de la Fondation contre le Cancer m’a fait découvrir l’évolution des recherches médicales et les services lors de l’hospitalisation, tels que les soins esthétiques et massages. »
« La Fondation m’a également permis de faire du sport avec Raviva (*), une fois par semaine (un mois et demi après la fin des thérapies !). Je reste persuadée que cette activité sportive m’a fortifiée tant physiquement que moralement. L’activité était organisée dans une petite structure, avec un coach très attentif à notre bien-être et sensible à nos difficultés physiques. Après 3 ans d’activités sportives, ma revalidation devenait de plus en plus concrète.
Ce groupe m’a apporté du réconfort, même si la majorité des femmes étaient là pour un cancer du sein. Nous étions deux à avoir le même cancer. Par chance, nous avions tous les deux le même généraliste et le même oncologue. (Nous habitions aussi la même commune rurale.) »
Aujourd’hui, je ne suis pas encore guérie et tout n’est pas parfait. Je m’en sors avec des séquelles pas faciles à gérer. Je me suis encouragée à communiquer : poser des questions et écouter et les réponses en restant positive.
Il faut aussi s’exercer à tester, au fur et à mesure, votre capacité à surmonter les obstacles. La patience est bonne conseillère, comme la confiance en soi.
Il est tout aussi important de renoncer petit à petit à vouloir tout faire comme avant. Votre force reviendra avec le temps mais votre vie aura changé et vous aussi. Comment ? Faites des projets à court terme, et prenez du plaisir au jour le jour.
Passez en mode survie dès l’annonce du diagnostic : vous êtes fragilisé et, dans les jours qui suivront, il vous faudra le dire, l’exprimer pour vous en persuader. Vos émotions vous feront pleurer, ou vous verrez les larmes dans les yeux de ceux qui vous sont proches. Il faudra oser être vous-même et parfois activer le bouton ‘maîtrise de soi’ ou ‘humour noir’. »
Nicole Lognard
Copain - Moi j’ai rejoint le club !!!!!! Je commence le traitement mardi.
Nicole - Cancer comme moi, poumon ?
Copain - œsophage !
Nicole - Traitement chimio opération ?
Copain - Chimio et radiothérapie, si ça ne va pas : opération. Mais restons de bonne « tumeur » hein, ma biche. Si tu as des conseils, ils sont les bienvenus.
Nicole - Quelle formule ? Moi T3N2M0. Comment as-tu encaissé ?
Copain -T2N1M0
Nicole - Conseils : si je décode bien : petite tumeur, pas trop grosse et pas de métastase. Moi, mon niveau était plus haut. Alors tu vas me faire le plaisir de te protéger de tous les poltrons ou les dépressifs qui t’entourent et qui veulent soit disant t’aider. Tu mets ta carapace et tu traces. Tu commences par te raser le crâne, comme cela tu n’attends pas que cela tombe mèche par mèche.
Copain – La tondeuse chauffe lundi.
Nicole – Si tu as des questions , j’y répondrais. Questions économiques, pour remboursement mutuelle + hospitalisation, c’est important de faire une copie de tout. Pour mardi, je suggère de prendre un bon roman de type historique ou biographique. La chimio passe mieux avec de l’eau de Spa qui purifie. Développe tes compétences : patience, zénitude et relaxation, et si tu peux auto hypnose.
Copain - Tu es chou, je vais relire ma grammaire Grevisse.
L’ellipse du temps amplifie l’intensité des émotions. Le temps présent pointe l’instant dépassé et me lie au futur immédiat.
Comme en prison, ma vie se perd dans les routines, s’allonge dans les habitudes mais s’illumine dans l’étincelle d’un regard amoureux, dans les messages d’une gazelle qui invente les mots et le monde.
L’imprévu éveille le rire, le temps de dire bonjour la main tendue à ce vieux copain qui ne croyait plus me voir depuis longtemps.
Comme le plaisir du repas est déjà dans la recette ou l’excitation du goût dans les épices, le bonheur est dans le partage de ces petits et grands moments qui s’installent dans ma mémoire pour se savourer ici et maintenant.
(*Le programme 'Raviva' n'existe plus sous sa forme actuelle. Il est dès à présent remplacé par les Grants « Activité physique ». En créant les Grants « Activité physique », la Fondation contre le Cancer met des moyens financiers à la disposition de structures déjà établies afin qu’elles développent une prise en charge spécifique pour des personnes atteintes du cancer. La Fondation estime qu’à terme, les programmes d’activité physique devraient être intégrés dans le trajet de soins des patients.)